La fresque des Acadiens à Nantes par l'artiste Robert DAFFORD
Période historique commémorée :
La fresque des acadiens commémore un fait historique singulier et méconnu : chassés à partir de 1755 par les Anglais de l'Acadie (la Nouvelle Ecosse actuelle au sud du fleuve Saint-Laurent au Canada) près de 1300 Acadiens arriveront au port de Nantes entre 1775 et 1776 (le pouvoir royal tente de les installer à Belle-Île-en-Mer en 1765 puis dans le Poitou au sud de Châtellerault à partir de 1773, mais sans succès).
À Nantes, qui est considérée alors comme le plus grand rassemblement d'Acadiens exilés en France, la crise du logement est sévère. Les Acadiens sont logés dans les paroisses de Saint-Similien, Saint-Nicolas, Saint-Jacques, mais surtout sur la paroisse Saint-Martin de Chantenay.
La majorité habite dans le quartier de l'Hermitage, face au port où ils peuvent observer les mouvements des navires. C'est un secteur d'habitations peu chères, mais insalubres. Les conditions d'existence de cette population sont très difficiles et la mortalité infantile est importante.
En 1772, la Louisiane devient espagnole et en 1785, un accord entre le roi d'Espagne et Louis XIV permet à ces Acadiens de repartir outre-Atlantique. En quelques mois, les Acadiens se retirent de la paroisse Saint-Martin : du 10 mai au 19 octobre 1785, sept navires quittent les ports de Nantes ou de Paimboeuf en direction de la Louisiane, emportant quelque 1600 Acadiens.
Après cet épisode tant attendu par beaucoup, quelques Acadiens choisissent de rester à Chantenay ou Nantes : femmes, veuves, avec ou sans enfant(s) ainsi que des couples dont l'un des membres a épousé un(e) Nantais(e).
Cet épisode historique de l'expropriation massive des Acadiens par les Anglais est appelé aussi « le Grand Dérangement », la fresque des Acadiens rappel donc cet épisode migratoire.
L'oeuvre de Robert Dafford :
La fresque des Acadiens a été réalisée en 1993 par Robert Dafford, artiste américain, sur une commande de la Ville et portée par l'association Acadie-Bretagne-Louisiane et de son président Gérard-Marc Braud..
L'oeuvre représente leur nouveau départ en 1785, volontaire pour l'Amérique et la Louisiane.
La peinture, placée sur le mur sud de la maison de quartier "le Dix", représente des hommes, des femmes et des enfants à la fin du 18e siècle avec le port de Nantes en arrière-plan. De Nantes et Paimboeuf, sept navires seront affrétés pour ces différents voyages.
Cette fresque fait écho à une oeuvre du même artiste exécutée en 1999 à St-Martinville (Louisiane, Etats-Unis) et elle fait partie d'un ensemble mémorial puisqu'une autre fresque est terminée par le même peintre à Saint-Martinville en Louisiane en 1999 commémorant l'arrivée des Acadiens dans cette ville après leur période d'exil en France (une reproduction photographique est attachée aux côtés de la fresque nantaise).
La fresque est devenue, au fil du temps, une oeuvre mémorielle importante pour les habitants du quartier de St-Anne mais aussi pour les communautés acadiennes internationales, qui viennent régulièrement à Nantes pour la visiter.
La restitution :
Après des diagnostics techniques et des premiers travaux de restauration entrepris en 2007, 2008 et 2012, la fresque était extrêmement dégradée, non adhérente à son support et nécessitait une restitution.
Il s'agissait d'une peinture acrylique étanche posée sur un primaire poreux, peu adhérent à l'enduit du mur.
Le diagnostic réalisé en 2007 par un restaurateur spécialiste en fresque insiste sur l'humidité du mur et l'impossibilité de trouver une solution technique pérenne aux dégradations constatées.
Les avis des spécialistes convergent : l'œuvre est non restaurable avec les techniques actuelles.
Ces diagnostics des spécialistes ont donc confirmé le caractère non pérenne de l'œuvre et sa dégradation inéluctable.
La Ville a donc décidé de réaliser une restitution peinte de l'œuvre sur un cadre superposant l'œuvre originale, en accord avec l'artiste.
Le projet a consisté en une protection et une restitution de l'oeuvre originale réalisée grâce à l'intervention conjointe de spécialistes en fresque et de l'artiste Robert Dafford.
Ainsi pérennisée, la fresque des Acadiens s'inscrit dans le parcours patrimonial des quartiers Sainte-Anne et Chantenay.
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